Rambert Eugène – Les Alpes suisses (4ème série)

Rambert Eugène - Les Alpes suisses 4 - Bibliothèque numérique romande - Planomenos Le Bristenstock vu de SträngmattRambert Eugène – Les Alpes suisses (4ème série) : La quatrième série des Alpes suisses, publiée en 1871, offre un ensemble de textes aussi variés que les précédents, prouvant une fois de plus qu’en vulgarisateur de talent, Rambert allie à ses connaissances encyclopédiques de la montagne une passion indissociable de sa sensibilité poétique.

Son premier essai est un vibrant hommage au Bristenstock, qui se dresse tel un bastion au-dessus de la mythique prairie du Grütli. Si l’auteur, dans son précédent volume, mettait en garde contre certains excès du discours patriotique, il n’hésite pas ici à en décliner l’un des principaux clichés : à ses yeux, ce massif au nom rocailleux est une figure tutélaire quasi sacrée qui veille sur le berceau de la nation et de la liberté. Poursuivant sa réflexion sur le mythe des Alpes, très en vogue en cette époque de flottement politique et culturel, Rambert examine le rôle de son pays dans les œuvres et l’inspiration de Schiller et Goethe. En humaniste éclairé, il suggère que, sans la Suisse, ces deux géants de la littérature allemande « ne seraient pas tout ce qu’ils sont » et il conclut, non sans fierté, que les Alpes suisses sont devenues grâce à eux l’une des « muses » de l’Allemagne. 

Après un interlude où il offre à ses lecteurs un choix de ses propres poèmes, inspirés de près ou de loin par la montagne, Rambert propose un essai sur le foehn, dans lequel il confronte, non sans un certain enjouement, les différentes théories scientifiques sur l’origine de ce vent chaud et violent dont on a cru longtemps qu’il venait tout droit du Sahara. La quatrième série des Alpes suisses se termine par une nouvelle simple mais touchante. La Batelière de Postunen nous emmène au bord du lac des Quatre-Cantons, à l’époque de la Révolution française. La jeune et belle Grite, orpheline de dix-sept ans, s’oppose aux conventions sociales car elle refuse d’entrer en service à la ville voisine, comme le voudrait la tradition. Reprenant le bateau de son père, elle devient à son tour batelière, au grand dam de ses oncles paternels, qui voient d’un mauvais œil la jeune fille accomplir avec grâce et succès un dur travail d’homme.

« Avant Ramuz, et un peu comme lui, il a d’instinct senti qu’il ne pourrait faire d’oeuvre vraie que s’il renonçait définitivement à toute tentation de carrière française et de littérature selon les modes parisiennes du temps. Et alors, d’instinct aussi, il a trouvé le mouvement, le rythme de récit qui convenait aux personnes qu’il aimait et qu’il voulait faire vivre. De là vient cet art consommé du récit tranquille, qui ne doit rien aux effets de la nouvelle, mais qui est un art à lui.  Par contre – et c’est là la grande découverte que nous faisons aujourd’hui – le style de Rambert a gardé une surprenante fraîcheur, et sa capacité d’évocation poétique (parce qu’il n’y pense pas) est incroyablement vivante, surtout dans la prose de ses récits. Sans doute ces récits ont eux aussi un certain côté « document d’époque », et ils renseignent les hommes d’aujourd’hui sur un type d’hommes et de femmes qu’on pourrait croire disparu, sur des genres de vie définitivement périmés. Mais comment s’expliquer l’émotion qu’ils suscitent en nous, précisément aujourd’hui ? Et cette façon presque bouleversante qu’ils ont, avec toute leur lenteur, leur cheminement patient, de nous faire rêver à ce qu’étaient ce pays et ces gens ? » [Éric de Montmollin : Avant-propos de l’édition de 1972 des récits et croquis d’Eugène Rambert (Plaisir de lire, Lausanne)]

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