Rambert Eugène

Rambert Eugène – Les Alpes suisses (5ème série)

Rambert Eugène - Les Alpes Suisses 5 - Bibliothèque numérique romande - photo Sylvie S.Rambert Eugène – Les Alpes suisses (5ème série) : Cette cinquième et dernière série des Alpes suisses nous narre d’abord le journal d’une marmotte philosophe. Après avoir été capturé par les humains, ce solitaire est l’objet du rejet de ses congénères car le collier dont il ne peut se débarrasser est imprégné de l’odeur de l’homme. Il questionne le « Grand Sommeil » qui atteint son espèce et se demande si vraiment le monde et la succession des jours et des nuits s’arrête durant cette période. Il souhaite sans y parvenir éviter de s’endormir en hiver pour « savoir ». Non dénué d’anthropocentrisme, ce conte enlevé est plein de charme. La deuxième partie reprend l’histoire des Landsgemeinde, ces assemblées où le peuple entier d’un Canton suisse (enfin, les hommes, à l’époque) se réunit pour régler les affaires de l’État. …

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Rambert Eugène – Les Alpes suisses (4ème série)

Rambert Eugène - Les Alpes suisses 4 - Bibliothèque numérique romande - Planomenos Le Bristenstock vu de SträngmattRambert Eugène – Les Alpes suisses (4ème série) : La quatrième série des Alpes suisses, publiée en 1871, offre un ensemble de textes aussi variés que les précédents, prouvant une fois de plus qu’en vulgarisateur de talent, Rambert allie à ses connaissances encyclopédiques de la montagne une passion indissociable de sa sensibilité poétique.

Son premier essai est un vibrant hommage au Bristenstock, qui se dresse tel un bastion au-dessus de la mythique prairie du Grütli. Si l’auteur, dans son précédent volume, mettait en garde contre certains excès du discours patriotique, il n’hésite pas ici à en décliner l’un des principaux clichés : à ses yeux, ce massif au nom rocailleux est une figure tutélaire quasi sacrée qui veille sur le berceau de la nation et de la liberté. Poursuivant sa réflexion sur le mythe des Alpes, très en vogue en cette époque de flottement politique et culturel, Rambert examine le rôle de son pays dans les œuvres et l’inspiration de Schiller et Goethe. En humaniste éclairé, il suggère que, sans la Suisse, ces deux géants de la littérature allemande « ne seraient pas tout ce qu’ils sont » et il conclut, non sans fierté, que les Alpes suisses sont devenues grâce à eux l’une des « muses » de l’Allemagne. 

Après un interlude où il offre à ses lecteurs un choix de ses propres poèmes, inspirés de près ou de loin par la montagne, Rambert propose un essai sur le foehn, dans lequel il confronte, non sans un certain enjouement, les différentes théories scientifiques sur l’origine de ce vent chaud et violent dont on a cru longtemps qu’il venait tout droit du Sahara. La quatrième série des Alpes suisses se termine par une nouvelle simple mais touchante. La Batelière de Postunen nous emmène au bord du lac des Quatre-Cantons, à l’époque de la Révolution française. La jeune et belle Grite, orpheline de dix-sept ans, s’oppose aux conventions sociales car elle refuse d’entrer en service à la ville voisine, comme le voudrait la tradition. Reprenant le bateau de son père, elle devient à son tour batelière, au grand dam de ses oncles paternels, qui voient d’un mauvais œil la jeune fille accomplir avec grâce et succès un dur travail d’homme.

« Avant Ramuz, et un peu comme lui, il a d’instinct senti qu’il ne pourrait faire d’oeuvre vraie que s’il renonçait définitivement à toute tentation de carrière française et de littérature selon les modes parisiennes du temps. Et alors, d’instinct aussi, il a trouvé le mouvement, le rythme de récit qui convenait aux personnes qu’il aimait et qu’il voulait faire vivre. De là vient cet art consommé du récit tranquille, qui ne doit rien aux effets de la nouvelle, mais qui est un art à lui.  Par contre – et c’est là la grande découverte que nous faisons aujourd’hui – le style de Rambert a gardé une surprenante fraîcheur, et sa capacité d’évocation poétique (parce qu’il n’y pense pas) est incroyablement vivante, surtout dans la prose de ses récits. Sans doute ces récits ont eux aussi un certain côté « document d’époque », et ils renseignent les hommes d’aujourd’hui sur un type d’hommes et de femmes qu’on pourrait croire disparu, sur des genres de vie définitivement périmés. Mais comment s’expliquer l’émotion qu’ils suscitent en nous, précisément aujourd’hui ? Et cette façon presque bouleversante qu’ils ont, avec toute leur lenteur, leur cheminement patient, de nous faire rêver à ce qu’étaient ce pays et ces gens ? » [Éric de Montmollin : Avant-propos de l’édition de 1972 des récits et croquis d’Eugène Rambert (Plaisir de lire, Lausanne)]

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Rambert Eugène – Les Alpes suisses (3ème série)

Rambert Eugène - Les Alpes Suisses 3 - Bibliothèque numérique romande - François J. Tours d'Ai

Rambert Eugène – Les Alpes suisses (3ème série) : La troisième série des Alpes suisses, publiée en 1869, commence par le récit d’une course à Anzeindaz dans la neige fondante de février. L’auteur, en alpiniste aguerri, évoque les dangers, mais aussi les beautés féériques de la montagne en hiver, sans oublier sa flore et sa faune (fourmis, tétras). L’essai suivant est une remarquable petite étude de mœurs sur la vie culturelle d’un hameau de moyenne montagne en pays réformé. Rambert nous parle du «coterd», lieu de réunion et livre vivant grâce auquel les villageois se transmettent l’histoire orale de leur communauté. Quant aux ouvrages qui garnissent les étagères, Rambert en dénombre deux, également vénérables: d’une part, l’almanach du véritable Messager boiteux de Berne et Vevey, dont on conserve pieusement les numéros et que l’on annote de saison et saison, pour garder la trace de la vie campagnarde; de l’autre, la lourde et imposante Bible illustrée, qui sert de registre pour les grands évènements de la vie familiale et dans laquelle on puise les récits qui meublent les longues soirées d’hiver.

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Rambert Eugène – Les Alpes suisses (2ème série)

Les Alpes suisses (2ème série) - Eugène Rambert - Bibliothèque numérique romande - photo Sylvie Savary Les Dents du MidiRambert Eugène – Les Alpes suisses (2ème série) : Berceau de la nation helvétique et haut lieu du tourisme international, les Alpes suscitent dès le 18e siècle un regain d’intérêt, tant auprès des savants et lettrés que des voyageurs avides de sensations fortes. Les Alpes suisses, d’Eugène Rambert (1830-1886), paru en cinq séries entre 1865 et 1875, en est un vivant témoignage.

Publiée en 1866, la deuxième série est un volume tout en contrastes. Le premier essai examine le mythe des Alpes, lequel s’élabore entre la fin du 18e et la fin du 19e siècles, durant cette période de mutation où le pays, en voie d’industrialisation et d’urbanisation, peine encore à se reconnaître dans sa modernité. Face à l’instabilité politique et sociale qui menace son unité, la Suisse officielle présente les Alpes non seulement comme le cœur de l’identité nationale, mais comme un « bien commun qui transcende la diversité des langues et des histoires cantonales »*. Ainsi, la Suisse et, en particulier, les habitants de ses vallées alpines, vues comme des refuges peu accessibles de l’extérieur, pourraient-ils être à l’origine du fédéralisme helvétique et de l’idée de liberté. Pourtant, les Alpes, situées au centre de l’Europe, furent plutôt un lieu de circulation entre nord et sud. Isabelle de Montolieu (1751-1832) décrit, dans « Les Châteaux suisses » (publiés par la BNR), les relations profondes et multiples qui existèrent, au Moyen-Âge, entre la Suisse romande et ses voisins. De même Marie Trolliet (1831-1895) narre, parmi ses nouvelles (publiées par la BNR), les aventures des bergers d’alpages valaisans allant faire leurs courses dans les villes de l’Italie du Nord et passant par de nombreux cols aujourd’hui tombés en désuétude.

Si Eugène Rambert reprend à son compte certains thèmes de ce discours fédérateur, il n’en épouse pas tous les clichés et récuse notamment avec vigueur toute idée de relation intrinsèque entre la nation et la nature, chère à la pensée déterministe de son temps : « La liberté, affirme-t-il sans ambages, est fille de l’homme, et elle n’a dans la nature ni gage ni symbole, pas plus que la science, pas plus que la vertu. La liberté ne se donne ni ne se reçoit ; elle s’acquiert. »

Les textes suivants, d’une teneur très variée, reflètent l’approche libre et imaginative de l’auteur vis-à-vis de son vaste sujet. La deuxième partie du livre comprend ainsi : un pittoresque récit de chasse au chamois dans les Alpes vaudoises ; une nouvelle attachante sur la vie misérable d’un chevrier valaisan, ainsi qu’une étude topographique détaillée de la Dent du Midi, dans laquelle l’auteur nous narre de manière vivante les péripéties de ses ascensions, en particulier celle de la « résistante » Cime de l’Est, et fait preuve de son immense talent d’observation. En guise de conclusion, Eugène Rambert, soucieux de préserver tous les aspects d’une culture alpine en voie de disparition, offre à ses lecteurs la transcription d’une chanson en patois vaudois, assortie de notes et d’une traduction.

*Gilles Rudaz et Bernard Debarbieux, La Montagne suisse en politique (Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2013), 15.

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Rambert Eugène – Les Alpes suisses (1ère série)

Les Alpes suises 1 - Eugène Rambert - Bibliothèque numérique romande - photo Sylvie SavaryRambert Eugène – Les Alpes suisses (1ère série) : Objet d’engouement indissociable de l’identité suisse, les Alpes, telles qu’on les envisage aujourd’hui, auraient été « inventées » au Siècle des Lumières, au moment où poètes et philosophes (Haller, Rousseau, Burke, Kant et Goethe, parmi d’autres) posent un regard nouveau sur la nature et introduisent dans l’esthétique européenne les notions de sublime et de pittoresque. Réputées jusqu’alors sauvages et inhospitalières, les Alpes se muent en paysages (Walter 94-97*) et deviennent bientôt une étape obligée du Grand Tour, offrant aux jeunes gens des élites britanniques et continentales des 18e et 19e siècles le spectacle grandiose de leurs panoramas. En réalité, comme le démontre notamment Claude Reichler**, cette thèse, encore très en vogue, mérite d’être nuancée. Car les Alpes ont toujours attiré les voyageurs, et ce bien avant le 18e siècle. Si certains n’y voient qu’un monde effroyable et monstrueux (Lescarbot, 1618, in Walter 91), d’autres – des intellectuels et savants sans doute plus hardis et plus éclairés – en ramènent des écrits richement illustrés (Reichler 2013) qui témoignent de l’intérêt continu que suscite, depuis la Renaissance, ce haut-lieu de l’imaginaire helvétique.

Les Alpes suisses, d’Eugène Rambert (1830-1886), s’inscrit dans le droit-fil de ce mouvement d’appropriation culturelle et scientifique du massif alpin qui fleurit particulièrement aux 18e et 19e siècles. L’œuvre, dynamique dans sa diversité, est celle d’un érudit et d’un curieux qui fut à la fois professeur (il donna son nom à un prix littéraire), poète, essayiste, naturaliste et grand amateur d’altitude. L’ouvrage, écrit d’une plume alerte et enjouée, fut publié en cinq séries entre 1864 et 1875. Malgré son ampleur encyclopédique, l’ensemble, quelque peu disparate, reste très accessible, car l’auteur a soin de mettre ses connaissances du terrain à la portée de son public citadin et sait faire partager à ses lecteurs sa ferveur d’alpiniste.

La première série, publiée en 1865, s’ouvre sur un petit essai (Les plaisirs d’un grimpeur) dans lequel Rambert se plaît à comparer l’alpinisme aux jeux de hasard. Vient ensuite le compte-rendu d’une exploration du massif glaronnais des Clarides. Nous sommes loin du tourisme pédestre d’aujourd’hui. L’escalade se fait à la force des bras et des jarrets, et à l’aide de cartes encore très incomplètes, mais les récompenses n’en sont que plus mémorables. Le texte suivant, une petite nouvelle (Les Cerises du vallon de Gueuroz), nous transporte dans la vallée du Trient et décrit à grands traits les dures conditions de vie des flotteurs de bois. Le partie principale du volume s’achève sur une étude de la flore alpine, dont on appréciera tant l’ampleur que la verve poétique : « La nature, écrit Rambert non sans humour, était en veine de romantisme, quand elle a marié à l’immobilité du sapin la joyeuse coquetterie du hêtre. […] Les jeunes sapins […] sont faits pour vivre en société et se prêter assistance. Aussi l’intérêt général l’a-t-il emporté sur les fantaisies de l’humeur individuelle. Tous prennent la forme qui convient le mieux à tous ; aucun ne dévie du type. Les nécessités d’une lutte en commun ont imprimé à la race entière un instinct d’ordre et de discipline. » Existe-t-il au monde essence plus helvétique que le sapin ? Enfin Eugène Rambert revient sur l’accident de Whymper lors de la première ascension du Cervin avec un plaidoyer pour le maintien de la « cordée » dans l’alpinisme.

( *François Walter, « La montagne des Suisses. Invention et usage d’une représentation paysagère (XVIIIe-XXe siècles) », Études rurales, 1991, Volume 121, Numéros 121-124, 1991. De l’agricole au paysage, pp. 91-107. [Consulté en ligne le 16 juillet 2015.], **Claude Reichler, Les Alpes et leurs imagiers. Voyage de l’histoire du regard. [Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2013], 27.)

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