Voltaire – Traité sur la Tolérance

Traité sur la Tolérance - Voltaire Bibliothèque numérique romande - Laura Barr-Wells Bras de mer près de MaguelonneVoltaire – Traité sur la Tolérance, Conversation de Lucien, Érasme et Rabelais aux Champs-Élysées, De l’horrible danger de la lecture : « Ce petit globe, qui n’est qu’un point, roule dans l’espace, ainsi que tant d’autres globes ; nous sommes perdus dans cette immensité. […] Un de ces êtres imperceptibles dit à quelques-uns de ses voisins, dans l’Arabie, ou dans la Cafrerie : « Écoutez-moi ; car le Dieu de tous ces mondes m’a éclairé : il y a neuf cent millions de petites fourmis comme nous sur la terre ; mais il n’y a que ma fourmilière qui soit chère à Dieu, toutes les autres lui sont en horreur de toute éternité ; elle sera seule heureuse, et toutes les autres seront éternellement infortunées. » […] J’oserais dire, par exemple, à un dominicain inquisiteur pour la foi : « Mon frère, vous savez que chaque province d’Italie a son jargon, et qu’on ne parle point à Venise et à Bergame comme à Florence. L’Académie de la Crusca a fixé la langue […] mais, croyez-vous que le consul de l’Académie, et en son absence Buon Matei, auraient pu en conscience faire couper la langue à tous les Vénitiens et à tous les Bergamasques qui auraient persisté dans leur patois ? » L’inquisiteur me répond : « Il y a bien de la différence, il s’agit ici du salut de votre âme ; c’est pour votre bien que le directoire de l’Inquisition ordonne qu’on vous saisisse sur la déposition d’une seule personne, fût-elle infâme et reprise de justice ; que vous n’ayez point d’avocat pour vous défendre, que le nom de votre accusateur ne vous soit pas seulement connu ; que l’inquisiteur vous promette grâce, et ensuite vous condamne ; qu’il vous applique cinq tortures différentes, et qu’ensuite vous soyez ou fouetté, ou mis aux galères, ou brûlé en cérémonie : […] cette pieuse pratique ne peut souffrir de contradiction. » […]

Il y a dans l’Europe quarante millions d’habitants qui ne sont pas de l’Église de Rome : dirons-nous à chacun d’eux, « Monsieur, attendu que vous êtes infailliblement damné, je ne veux ni manger, ni contracter, ni converser avec vous ? »

Un traité rafraîchissant, écrit sur le coup d’une indignation (l’exécution sur la roue d’un protestant de Toulouse) dans lequel Voltaire fait le tour des diverses manifestations de Tolérance et d’Intolérance ou du Fanatisme dans le christianisme, chez les Romains de l’Antiquité et chez le Juifs. Parfois un peu daté dans quelques jugements à l’emporte-pièce portés sur des peuples de l’antiquité mais un plaidoyer incisif contre le fanatisme religieux car une « religion forcée n’est plus religion » et « ne produit que des hypocrites ou des rebelles. »

« Ne devons-nous pas, conclut-il, regarder tous les hommes comme nos frères. Quoi ! mon frère le Turc ? Mon frère le Chinois ? le Juif ? le Siamois ? Oui, sans doute ; ne sommes-nous pas tous enfants du même père, et créatures du même Dieu ? […] La nature dit à tous les hommes : Je vous ai tous fait naître faibles et ignorants, pour végéter quelques minutes sur la terre et pour l’engraisser de vos cadavres. Puisque vous êtes faibles, secourez-vous ; puisque vous êtes ignorants, éclairez-vous et supportez-vous. Quand vous seriez tous du même avis, ce qui certainement n’arrivera jamais, quand il n’y aurait qu’un seul homme d’un avis contraire, vous devriez lui pardonner ; car c’est moi qui le fais penser comme il pense. »

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14 réflexions sur “Voltaire – Traité sur la Tolérance”

  1. c’est dommage,cette édition a oublié certains passages de l’édition originale comme celui-ci par exemple : « … mais on croit que la coutume de nos prétendus sorciers d’aller au sabbath, d’y adorer un bouc, & de s’abandonner avec lui à des turpitudes inconcevables, dont l’idée fait horreur, est venue des anciens juifs : en effet, ce furent eux qui enseignèrent dans une partie de l’Europe la sorcellerie. […] On ne rapporte ici ce fait que pour faire connaître la nation juive : il faut que la bestialité ait été commune chez elle, puisqu’elle est la seule nation connue, chez qui les loix (sic) ayent (sic) été forcées de prohiber un crime, qui n’a été soupçonné ailleurs par aucun Législateur. » Comme c’est bizarre…

    1. Association Bourlapapey

      Nous faisons un peu de travail pour vous présenter les éditions les plus fidèles, en nous référant à plusieurs éditions anciennes et modernes. Et nous ne censurons pas un auteur. Si nous publiions quelqu’un comme Voltaire c’est que ses écrits présentent un intérêt et son traité sur la Tolérance est remarquable pour son époque …et même pour la nôtre..
      Mais ça ne veut pas dire que nous trouvons admirable chacune de ses pensées. La relation de Voltaire avec le peuple juif est ambivalente faite de fascination, d’admiration et …de tous les préjugés et de l’antisémitisme de son époque.
      D’une manière générale, même si Voltaire étudie la Chine et l’Orient et qu’il met en scène ces pays « exotiques », pour des récits dont la clé est essentiellement européenne, on peut lui reprocher d’être quelque peu ethnocentrique. Pouvait-il en être autrement dans la pensée du 18ème siècle ? Ce qui n’enlève rien à ses intuitions géniales et à l’acuité de sa pensée philosophique.

    2. Maintenant que ce passage y est bien comme doit le contenir une édition qui se veut fidèle au texte original, voilà que l’on fait la vierge effarouchée…Un peu de sérieux ! Yves

  2. BONJOUR
    Voltaire n’a pas uniquement éreinté les Juifs et fait montre d’antisémitisme ! Il a pris beaucoup de liberté aussi pour vilipender les Musulmans ! Et, il a fait preuve d’une intolérance incroyable – venant de lui – envers l’Islam ! Je peux dire, sans risque de me tromper, qu’il a été un grand islamophobe ! Mais, bon: on peut mettre ça sur l’air du temps.

    1. Association Bourlapapey

      On entend fréquemment évoquer, ces jours, l’islamophobie de Voltaire. Je ne suis pas sûre que l’intention – pour certains et ce n’est pas votre cas, je crois – n’est pas déconsidérer celui qui fut un grand défenseur des libertés contre l’obscurantisme religieux (catholique). Certes Voltaire, dans ce traité écrit sur le coup d’une indignation (l’exécution sur la roue d’un protestant de Toulouse), n’est pas sans prêter le flan à la critique et on ne peut pas dire que l’ethnologie était très développée au 18e siècle. Je l’avoue, Voltaire est parfois très « franco-français » : lorsqu’il met en scène un monde arabe ou perse auquel il ne connait pas grand chose, sauf pas mal de préjugés, c’est, en fait, un « autre » imaginaire de la société européenne qu’il décrit, une allégorie de la société française pour illustrer son combat contre l’emprise de la religion catholique conservatrice. Ainsi, dans le grand Mufti de Sirius, ses contemporains comprenaient fort bien qu’il campait l’archevêque de Paris dans ce travestissement qui lui permettait de détourner la censure. Il a payé cher ses opinions et ses écrits, d’ailleurs, et son séjour à Ferney – où il suffisait de traverser un ruisseau et quelques champs pour se réfugier chez les protestants de Genève (qui ne l’auraient peut-être pas accueilli si favorablement, pensez à Calvin et Michel Servet, le découvreur de la circulation sanguine) – en est la preuve. Si l’on change d’époque, les Martiens de Wells, si ils existaient, seraient habilités à se plaindre du portrait que l’on a fait d’eux (suceurs de sang sans pitié) alors qu’il ne s’agit, en fait, que d’une dénonciation des exactions de l’empire britannique (en plus d’être un excellent roman). Ceci dit, c’est vrai : Voltaire n’épargnait personne ! Ce qui lui a valu tant d’ennemis…

      1. Très déçue par ce genre de commentaire, pas mal obscurantiste lui aussi. Obscurantisme religieux, ne rime pas qu’avec catholicisme, il faut arrêter la propagande et le mensonge.

        1. Association Bourlapapey adminBourla

          Les catholicisme de l’époque, notamment dans son attitude face aux protestants, n’était pas celui d’aujourd’hui. Et Voltaire a réellement été en danger…

    2. Il faut aussi comprendre ce que dit Voltaire et ne pas raconter tout et n’importe quoi. Voltaire ne connaissait pas l’islam, et n’en avait cure. Il y avait à peu près zéro musulmans à l’époque, il n’avait probablement jamais croisé un musulman, et s’intéressait fort peu au contenu ou aux rites. Au travers de ses récits sur l’islam, c’est la religion catholique qu’il vilipende, pour échapper à la censure. Mais c’est sûr que Voltaire choisissait envers qui être tolérant., pour l’auteur du traité sur la Tolérance, un comble. Voltaire n’aimait pas les religions, à part celle du Grand Architecte.

      Deuxièmement, même en trouvant beaucoup d’anciens auteurs islamophobes en Europe, c’est une belle hypocrisie de souligner ceci, car, en face, il n’y avait pas et il n’y a pas toujours, des milliards de pages christianophobes ou judophobes? Les gens ne font que de l’anachronisme à présent. Il faut considérer l’époque, et surtout, ce qu’il a voulu dire par ses écrits sur l’islam, au lieu de regarder le doigt quand le sage montre la lune. Le message est pourtant clair.

    3. L’ islamophobie était dans l’air du temps car les pirates barbaresques et les pays musulmans opéraient des razzias dans toutes les terres méditerranéennes depuis le XVI° siècle (Cervantès fut l’un des captifs) et sur mer jusqu’aux bateaux naviguant en mer d’Irlande. Ceci pour vendre ces captifs comme esclaves en pays musulmans sauf s’ils se convertissaient à la religion musulmane.

      1. Les corsaires barbaresques etaient surtout composes d’exiles d’Andalousie victims des exactions dinquisiteures quand Dan’s lEspagne Arabe, et Chretiens et juifs y étaient libres jusqu’a blaspheme le Prophete d Islamique pour connaitte le martyr qqfois!

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